Guillaume DORVAL

Temoignage : Chercheur

Guillaume DORVAL

Entre Chercheur et Pédiatre néphrologue

Être Médecin-Chercheur pour mieux diagnostiquer, comprendre, et un jour traiter

C’est pour mieux comprendre les pathologies rénales des patients qu’il suit à l’Hôpital Necker-Enfants malades que Guillaume Dorval, Néphrologue Pédiatre, a souhaité rejoindre l’Institut Imagine, et effectuer une thèse de science dans le laboratoire des Maladies Rénales Héréditaires co-dirigé par le Pr. Corinne Antignac et le Dr Sophie Saunier. Le programme Santé-Science (MD-PhD) créé par l’Institut, dont il a bénéficié, est destiné à soutenir de jeunes Médecins ou Pharmaciens dans leurs projets de recherche, dans le cadre d’une thèse de sciences.

Qu’est-ce qui vous a amené à un cursus médecin-chercheur ?

Au cours de mon internat, j’ai effectué un Master 2 de génétique dans l’équipe de Corinne Antignac, une pionnière de la génétique des syndromes néphrotiques. C’est à l’issue de ce Master 2 que j’ai décidé de poursuivre mes travaux de recherche dans ce laboratoire. Grâce au programme Santé-Science de l’Institut, j’ai mené un projet de recherche en m’investissant à 100 % dans la vie du laboratoire.

Si j’ai choisi de faire ce double cursus médecin-chercheur, c’est parce qu’en tant que clinicien, je suis amené à suivre de jeunes patients atteints de maladies rénales, et que la recherche est indispensable pour mieux comprendre et traiter ces maladies. La composante génétique chez les enfants souffrant d’insuffisance rénale, parfois terminale, est très importante.

Sur quelle maladie concentrez-vous particulièrement vos travaux ?

Certains enfants souffrent d’une pathologie que l’on appelle le « syndrome néphrotique  », se caractérisant par une incapacité des reins à retenir les protéines, qui sont alors éliminées dans les urines avec les déchets. Les protéines sont essentielles pour le métabolisme du corps, et leur fuite a pour conséquence immédiate le développement d’œdèmes, caractérisés par la présence d’eau dans les tissus.

Chez une partie de ces enfants, la présence d’une ou plusieurs mutation(s) dans des gènes indispensables pour le bon fonctionnement du rein est à l’origine du trouble. Ces patients évoluent lentement vers l’insuffisance rénale terminale, et entrent dans un projet de greffe rénale à plus ou moins long terme. La greffe implique un traitement immunosuppresseur très lourd, à vie. Même en cas de succès, une nouvelle greffe est indispensable après quelques années, la durée de vie moyenne d’un greffon étant de 10-15 ans.

Comment peut-on la guérir ?

Essayer de retrouver l’origine génétique de leur maladie, grâce à la recherche, c’est l’espoir de trouver un diagnostic, mais aussi de comprendre les mécanismes allant d’une mutation sur un gène à l’apparition de l’expression clinique de la maladie (en l’occurrence le syndrome néphrotique génétique). C’est grâce à la compréhension des maladies que nous espérons pouvoir proposer un jour un traitement adapté à chaque patient, qui leur permettra de garder leur propre rein et d’éviter la greffe et les traitements qui y sont associés.

La découverte d’un gène à l’origine d’une forme sévère de syndrome néphrotique cortico-résistant : l’espoir d’une vie meilleure.

Quel a été votre rôle ?

Dans le cadre du programme Santé-Science j’ai découvert, en 2018, un nouveau gène à l’origine d’une forme sévère et précoce de syndrome néphrotique cortico-résistant. Il s’ajoute au panel des gènes analysés chez les patients atteints de ce syndrome. Certains patients verront ainsi leur diagnostic se préciser, et dans les familles présentant un variant délétère de ce gène, un conseil génétique sera proposé afin d’identifier si d’autres membres de la famille sont susceptibles de transmettre le variant, et de proposer un diagnostic prénatal en cas de forme d’une particulière gravité.

Quelles sont les prochaines étapes ?

Depuis cette découverte, en parallèle de la recherche pour la compréhension des mécanismes qui conduisent aux maladies rénales héréditaires, nous développons dans le laboratoire un nouvel axe de recherche centré autour du traitement de ces maladies. Ces découvertes, et le dynamisme des recherches en cours, sont une source d’espoir pour les enfants malades et leurs familles, espoirs régulièrement partagés avec eux en consultation.